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Pour éviter le risque d’un rebond de l’épidémie durant le déconfinement, le suivi des malades et des personnes en contact avec eux doit être efficace. Différentes solutions sont sur la table parmi lesquelles le « contact tracing » à l’aide d’une application.

La Task Force « Data & Technology against Corona »

La task force « Data and Technology against Corona » a pour but de suivre les initiatives Mobile Health développées depuis le début de la crise Covid-19 et en particulier d’estimer leur utilité, leur sérieux ou leur conformité au RGPD [1]. Elle analyse aussi les données collectées grâce aux opérateurs de télécommunication et instruit le dossier « contact tracing » numérique visant à endiguer l’épidémie.

Confinement et géolocalisation

Depuis quelques semaines, certaines données collectées par les opérateurs de télécommunication, tels que Proximus, Base ou Orange, sont partagées avec les autorités.

Ces données de localisation liées au bornage des mobiles, ne sont pas individualisées mais agrégées par groupe de 30 personnes minimum et anonymisées. Cela donne des indications quant au suivi des mesures de confinement mais aussi des informations sur les mouvements de populations dont on souhaite tirer un schéma hypothétique de propagation de la maladie.

En phases de déconfinement : mesures et outils

Plusieurs mesures et outils doivent accompagner les différentes étapes du déconfinement afin de « casser » les chaînes de transmission du virus et réduire ainsi le risque d’une nouvelle flambée de l’épidémie. Actuellement, le suivi des personnes contaminées ou « contact tracing » se met en place dans les trois Régions du pays. Il prévoit notamment que des médecins et 2.000 enquêteurs questionnent verbalement les malades sur leurs contacts récents.

Le « contact tracing » numérique a, quant à lui, pour but d’identifier à l’aide d’une application mobile, les personnes avec qui un malade a été en contact afin d’isoler le plus rapidement possible celles qui seraient devenues positives à la suite de ce contact.

« Contact tracing » numérique ?

Pour retrouver les contacts d’un malade, il faut un cadre technique et une application.

Le cadre technique pourrait être proposé par Google et Apple qui, à eux deux, couvrent la toute grande majorité des smartphones en circulation. Leur travail ici consiste à développer des modules qui, avec le consentement de l’utilisateur, muniront les téléphones mobiles. Le module « alerte » permet au détenteur d’un téléphone de faire savoir qu’il est malade, le module « surveillance » scrute régulièrement une base de données hébergée auprès des autorités sanitaires afin de voir si l’on a été en contact avec un malade, et le module « gestion » prévient les personnes entrées en contact avec un malade en leur recommandant, par exemple, d’aller se faire dépister. Le cadre technique étant posé, l’application vient le rendre intelligible et pratique.

L’application, installée sur base volontaire, fonctionne avec le Bluetooth qui permet l’échange rapide de données à courte distance : lorsqu’un téléphone « rencontre » pendant un certain temps (paramétrable) un autre téléphone pourvu du même type d’application, ils s’échangent un code unique et temporaire afin de compléter leur journal respectif des rencontres, localisé sur l’appareil, ainsi que la durée de contact (sur base de la force du signal). Dès que quelqu’un signale être malade, il est invité à partager ce changement de statut via l’application qui met à jour la base de données centrale. Celle-ci identifie les « personnes » (codes uniques temporaires) avec lesquels le malade a été en contact. Une notification demande ensuite à ces personnes, toujours anonymisées, de procéder à un test de dépistage.

Avantages et garanties du « Contact tracing » numérique

  • Consentement : l’utilisateur de l’application reste maître à toutes les étapes de son utilisation : consentement de l’installation de l’appli et de l’envoi de données, accord de partage de son statut éventuel de malade, consentement à recevoir une notification d’alerte en cas de contact avec une personne contaminée, etc.
  • Rapidité : le système est plus rapide que le « contact tracing » réalisé par des enquêteurs ou des médecins ;
  • Anonymisation : un code unique, chiffré et temporaire, est généré plusieurs fois par heure au départ de l’identifiant attribué par l’application lors de l’installation. Les autorités sanitaires n’ont accès qu’à ces codes uniques, pas aux numéros de téléphones correspondants ni aux nom et prénoms ;
  • Effacement : les données échangées sont automatiquement effacées après 2 ou 3 semaines, selon l’application choisie ;
  • Géolocalisation : les données de localisation ne sont pas inclues dans les données partagées par Bluetooth. Le but premier n’est pas de savoir où vous étiez mais avec qui.

Inconvénients et griefs du « Contact tracing » numérique

  • Adhésion : pour être efficace, il faut que 60% de la population l’utilise. Sachant que 75% de la population possède un smartphone, cela demande une très grande adhésion. Or il y a débat, essentiellement sur des questions de vie privée et de mésusage des données collectées. Notons que le RGPD permet le traitement des données concernant la santé pour des motifs d’intérêt public dans le domaine de la santé publique [2].
  • Mauvais usage : certains utilisateurs pourraient mal utiliser l’application, oublier de l’activer, manquer d’honnêteté sur leur statut, fausser les résultats en n’emmenant pas leur téléphone, etc. 
  • Stockage des données : par ailleurs, certains craignent un mésusage des données par certaines autorités et prônent dès lors une décentralisation des données sensibles. Dans cette optique, les données chiffrées à partir de l’identifiant du téléphone sont stockées tant que possible sur l’appareil de l’utilisateur et, si nécessaire, sur un serveur sécurisé indépendant des autorités. Ce point n’est pas tranché.
  • Faux positifs : l’appli ne détecte par exemple pas les murs et pourrait donc signaler des faux positifs alors qu’il n’y a pas eu de contact réel entre deux personnes.
  • Désactivation : Google et Apple auront accès à certaines informations, même s’ils assurent souhaiter désactiver cette possibilité dès qu’elle ne sera plus nécessaire. La question reste ouverte tandis que certains soulèvent l’utilité de maintenir cet accès pour se préparer à de futures épidémies.

Un ensemble de mesures et outils

Toute solution de suivi numérique des personnes contaminées ne se suffit pas à elle-même. Elle doit être accompagnée d’autres mesures et outils tels que l’enquête verbale sur les contacts, le port du masque, les gestes barrière et le dépistage massif. Sans ce dernier en particulier, le « contact tracing » numérique serait sans objet.

Cet article est paru initialement sur le site de Secunews

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